Peut-on susciter le désir d'apprendre ?
Philippe Meirieu
Sciences Humaines N° 268 - Mars 2015
Tous les enfants ne sont pas « spontanément curieux » : certains montrent peu d’appétence pour apprendre. Il existe cependant des voies pour mobiliser l’ensemble des élèves.
La question de la motivation et l’usage même de ce terme dans le discours pédagogique sont relativement récents. Certes, on peut trouver dans l’Émile de Jean-Jacques Rousseau des situations qui évoquent cette problématique : ainsi, s’agissant « d’exercer à la course un enfant indolent et paresseux », le précepteur distribue-t-il, sur leur passage, des gâteaux aux enfants qui s’adonnent à cette activité… jusqu’au jour où « ennuyé de voir toujours manger sous ses yeux des gâteaux qui lui faisaient grande envie, (l’élève indolent) s’avisa de soupçonner enfin que bien courir pouvait être bon à quelque chose et voyant qu’il avait aussi deux jambes, il commença de s’essayer en secret ». Et, un peu plus tard, le même précepteur, échouant à enseigner à Émile l’astronomie, n’hésite pas à le perdre dans la forêt de Montmorency, à l’heure du déjeuner, afin de lui faire découvrir l’usage des points cardinaux : c’est ainsi que l’élève s’exclamera : « Allons déjeuner, allons dîner, courons vite : l’astronomie est bonne à quelque chose (1) ! »
Évidemment, pour saisir la portée de ces exemples, il convient de les réinscrire dans la démarche de Rousseau : utiliser tous les artifices possibles pour stimuler les aptitudes naturelles de l’enfant ; faire en sorte qu’il [...]
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