Quand la guerre divise les féministes

Françoise Thébaud

Grands Dossiers N° 63 - Juin - juillet - août 2021

La Première Guerre mondiale provoque une scission durable entre les militantes pacifistes et celles qui veulent soutenir leur pays engagé dans le conflit.

L’été 1914, l’entrée en guerre surprend les féministes, comme elle surprend les populations européennes. Dans leurs congrès nationaux et internationaux, les militantes avaient dénoncé la guerre comme une entreprise masculine, proclamé leur attachement à la paix et soutenu les propositions du mouvement pour la paix : désarmement et arbitrage entre les nations. Le dernier congrès du Conseil international des femmes (CIF), né en 1888, s’est tenu à Rome en mai 1914. Il a notamment dénoncé les violences envers les femmes lors des guerres balkaniques (1912-1913) et appelé les pacifistes, qui devaient se réunir à Vienne à l’automne, à agir pour des lois internationales de protection. De son côté, l’Alliance internationale pour le suffrage des femmes (AISF), qui diffuse largement son mensuel Jus Suffragii, a célébré son dixième anniversaire en avril 1914 et salué les premiers succès suffragistes, garants de la paix dans le monde : véritable utopie suffragiste qui s’exprime en France comme ailleurs. « Si les femmes votent, il n’y aura plus de guerre », comme il n’y aura plus de « fléaux sociaux », clame, dessins à l’appui, le numéro spécial de La Française du 5 juillet 1914.

Servir devient le mot d’ordre

Comme certains socialistes – notamment Jean Jaurès assassiné à [...]

Pour lire l'article complet en ligne (2760 mots) :
Abonnez-vous
Vous n'êtes pas encore abonné ?

Découvrez notre offre Digital + Archives avec 50% de réduction pour un premier abonnement à Sciences Humaines !

Toutes nos formules d'abonnement vous permettent désormais d'accéder à cet article et à toutes les archives de Sciences Humaines (plus de 30 000 articles parus depuis 1990) !

Vous êtes déjà abonné ?

Connectez-vous

Également dans le dossier

Numéros en cours
Le but des commentaires est de permettre un échange entre les auteurs et les lecteurs de Sciences Humaines. Chaque commentaire proposé sur le site est soumis à une modération. Pour en savoir plus sur les règles et traitement des données personnelles liées aux commentaires, consulter notre politique de confidentialité.
* Champ obligatoire