Les leçons de l'animisme
Rencontre avec Philippe Descola

Propos recueillis par Nicolas Journet

Hors-séries Sciences Humaines N° 25 - Juillet-août 2020

Spécialiste des sociétés Jivaros Achuars, l’anthropologue Philippe Descola met en avant dans cet entretien la diversité des expériences humaines. Selon lui, l’animisme n’est pas une religion, mais une manière d’habiter le monde.

Dans certains pays d’Afrique et d’Asie, les statistiques font apparaître un pourcentage de population qualifié d’animiste. Cela veut-il dire que l’animisme est une religion ?

Non, cela désigne les gens qui par leurs pratiques n’appartiennent à aucune des « grandes religions » du livre : chrétiens, musulmans, bouddhistes, hindouistes, confucianistes. Les autres sont dits « animistes », parce qu’ils pratiquent des traditions transmises oralement. Défini comme cela, l’animisme n’est qu’un grand fourre-tout : on y met tout ce qui n’entre pas ailleurs. En réalité, cet animisme recouvre des pratiques très différentes, allant du vaudou africain au chamanisme en passant par divers cultes totémiques ou ancestraux. Le fait que ces cultes subsistent et conservent une certaine autonomie n’en fait pas des religions au sens propre du terme. Les religions, à mes yeux, se caractérisent par une forme de croyance et de transcendance que l’on ne trouve pas dans l’animisme.

Pourtant l’animisme a été défini, à la fin du 19e siècle, essentiellement comme une croyance « primitive » : la croyance que des entités naturelles et surnaturelles non humaines (animaux, plantes ou objets) possèdent une « âme » et des intentions semblables à celles de l’homme.

D’abord, je dirai que ce [...]

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