Pour une écologie des langues
Rencontre avec Louis-Jean Calvet

Propos recueillis par Karine Philippe

Hors-séries Sciences Humaines N° 25 - Juillet-août 2020

À rebours des spécialistes des langues qui les étudient comme des entités en soi, Louis-Jean Calvet considère que les langues n’existent pas hors de l’environnement dans lequel elles sont pratiquées.

Vous employez le terme d’« écologie des langues », emprunté à Einar Haugen, pour souligner l’importance de l’étude des langues dans leur environnement social, politique, économique ou culturel et vous critiquez les courants linguistiques qui en font abstraction. En quoi cette approche du « terrain » vous semble-t-elle plus pertinente ?

Les langues, tout d’abord, n’existent pas en dehors de rapports historiques et sociaux. Elles sont le produit de pratiques sociales, ce que vous appelez « le terrain ». Pour rendre compte de leur coexistence, de leurs interactions, de ce terrain justement, la notion de « niche » écolinguistique est utile. En outre, les langues n’existent pas en dehors de leurs locuteurs, elles entretiennent avec eux un rapport de type hôte/parasite, dans lequel bien sûr les langues sont les parasites : sans locuteurs, il n’y aurait pas de langues, c’est l’évidence. Enfin les langues entretiennent entre elles des rapports de type proie/prédateur, ce que j’ai appelé naguère la « glottophagie », puis la guerre des langues. Tout ceci nous mène donc à considérer les milliers de langues de ce monde d’un point de vue darwinien, d’où l’idée d’écologie des langues, qui nous fournit un cadre suffisamment large pour pouvoir analyser les rapports [...]

Pour lire l'article complet en ligne (1884 mots) :
Abonnez-vous
Vous n'êtes pas encore abonné ?

Découvrez notre offre Digital + Archives avec 50% de réduction pour un premier abonnement à Sciences Humaines !

Toutes nos formules d'abonnement vous permettent désormais d'accéder à cet article et à toutes les archives de Sciences Humaines (plus de 30 000 articles parus depuis 1990) !

Vous êtes déjà abonné ?

Connectez-vous

Également dans le dossier

Numéros en cours
Le but des commentaires est de permettre un échange entre les auteurs et les lecteurs de Sciences Humaines. Chaque commentaire proposé sur le site est soumis à une modération. Pour en savoir plus sur les règles et traitement des données personnelles liées aux commentaires, consulter notre politique de confidentialité.
* Champ obligatoire