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Références

Burrhus Skinner
Les lois du comportement

Marc Olano, journaliste scientifique

Sciences Humaines N° 327 - Juillet 2020

Fervent promoteur de la psychologie béhavioriste et de ses applications dans le monde de l’éducation et des thérapies, Burrhus F. Skinner est considéré comme l’un des psychologues les plus influents du 20e siècle.

« Si nous voulons utiliser les affaires de la science dans les affaires humaines, nous devons supposer que le comportement peut être décrit par des lois et qu’il est déterminé. » Avec son ouvrage phare Science et comportement humain publié en 1953, Burrhus Skinner apporte une pierre angulaire à ce nouveau paradigme en psychologie qu’est le béhaviorisme (de l’anglais behavior, comportement). Initiée par le psychologue américain John Watson au début du 20e siècle, cette science cherche à expliquer le comportement humain non plus à partir d’états mentaux internes, mais par des variables environnementales observables et mesurables. Contrairement à la psychologie mentaliste dominante à l’époque, qui se fonde sur l’étude de la conscience à partir du récit subjectif de la personne, le béhaviorisme se veut une science objective et expérimentale. Il ne s’intéresse pas à l’introspection, qu’il tient pour de la spéculation hasardeuse. L’accès aux processus internes étant jugé impossible, il se concentre sur les processus d’apprentissage. Selon les béhavioristes, nos différents comportements et habitudes sont appris au cours du développement et deviennent ensuite des automatismes. Le psychologue américain Edward Thorndike formule la loi de l’effet, selon laquelle un [...]

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    1) Contrairement à une idée reçue, Skinner ne s’est donc pas limité à l’étude de comportements manifestes. Depuis les années 1950 jusqu’à sa mort, il a consacré l’essentiel de son temps à analyser des « événements privés » : la pensée, la visualisation mentale, le développement de l’attention, le sentiment d’identité, la démarche de résolution de problèmes, etc. Dans l’ouvrage de 1953, les chapitres 15 (« Autocontrôle ») et 24 (« Psychothérapie ») ont marqué l’histoire des thérapies cognitivo-comportementales. Dans les années 1960, plusieurs élèves de Skinner développeront, à partir des principes qui s’y trouvent, des procédures de «modification du comportement» (behavior modification) et de contrôle ou de gestion de soi (self-control, self-management).
    Mon ouvrage “La gestion de soi” a trouvé son point de départ dans l’analyse magistrale de son chapitre sur l’autocontrôle.
    2) Concernant le mot “conditionnement”:
    Dans le langage courant, ce mot évoque régulièrement l’automatisation de conduites, le contrôle répressif, le dressage ou la manipulation. Cette acception péjorative est utilisée notamment par des psychanalystes dès qu’ils parlent de la psychologie scientifique ou de TCC. En fait, la signification la plus générale de ce vocable — qui vient de «condition» — est : «ce qui conditionne une chose, c'est-à-dire sans quoi elle n'existerait pas», comme le précise par exemple le Dictionnaire philosophique de Foulquié.
    En psychologie scientifique, le mot « conditionnement » est neutre, dépourvu de toute connotation. Il désigne tantôt un type d'apprentissage, dans lequel les contingences environnementales jouent un rôle déterminant (en particulier l'apprentissage pavlovien), tantôt les conditions environnementales d'un comportement, qui favorisent son apparition, son maintien ou sa disparition. On peut dire que tous les comportements sont conditionnés, c’est-à-dire produits en fonction de certaines conditions (p.ex. la lecture du présent texte et les réflexions qu’il suscite).
    Un bon instituteur «conditionne» ses élèves à apprendre à lire. Il met en place les «conditions» requises pour un apprentissage optimal de la lecture. Il règle sa pédagogie sur les résultats qu'il obtient. Lui et ses élèves sont dans une relation de détermination réciproque. On peut parler de «conditionnement bidirectionnel».
    Vu la polysémie du mot « conditionnement », beaucoup de psychologues scientifiques évitent de l’utiliser. Quant au processus analysé par Pavlov, il s'explique parfaitement à l'aide des concepts de signification et d'apprentissage.
    Le concept de « conditionnement » peut parfaitement être utilisé pour rendre compte de ce qui se passe dans une analyse freudienne :
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/040818/le-conditionnement-des-psychanalyses
    3) Le traitement comportemental d’une phobie n’est pas un simple conditionnement pavlovien, mais l’apprentissage d’un comportement opérant : la personne apprend à rester relativement calme dans la situation phobogène, ce qui génère, ÉTAPE PAR ÉTAPE, l’autosatisfaction et surtout le sentiment d’auto-efficacité dans la situation. La signification de la situation phobogène s’en trouve modifiée. Pour des détails sur la TCC des phobies :
    https://www.pseudo-sciences.org/Les-phobies-genese-renforcement-traitement
    4) Pour un exemple significatif des mensonges et stupidités racontées sur Skinner:
    https://www.pseudo-sciences.org/Jacques-Alain-Miller-Frederic-Skinner-et-la-liberte
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